littérature et photographie

Catégorie : Affiches (Page 2 of 23)

Nous ne sommes pas (miroir #2)

« Nous ne sommes pas » Paris, affiche(s), 20 octobre 2003.

Que voyez-vous ? Je n’ai pas vu la publicité, je n’ai pas vu le slogan antipub. Je n’ai vu que ce fragment. Ce cri chapeauté par une mèche sur une paupière close, ce cri souligné par un trait qui scelle les lèvres fermées. J’ai vu ce visage penché dans une attitude d’abandon. Ou celle d’une absence. D’une résignation depuis si longtemps installée. J’ai vu ce « nous ne sommes pas » et j’ai lu : « nous n’existons pas, vous ne nous considérez pas comme de vraies personnes, nous ne sommes que des fonctions, confort et fantasmes. »
Cette photo prise voilà plus de vingt ans résonne toujours en moi. J’y pense souvent, je l’estime comme emblématique de ma démarche et de mon propos, qu’elle a annoncé et qu’elle résume.

Chaque dimanche, une photographie commentée du miroir subliminal du métro parisien.

La gifle et la Mort (miroir #1)

La gifle et la Mort. Paris, affiche(s), 10 janvier 2024 © Jean-Claude Marguerite
La gifle et la Mort. Paris, affiche(s), 10 janvier 2024 © Jean-Claude Marguerite

Que voyez-vous ? Moi, j’ai vu le geste de cet homme, sa main tendue et son bras replié, en élan ou après le coup, et le visage renversé de cette femme, comme giflée. Puis, j’ai vu la Mort. La Mort révélée par cette déchirure qui divise la figure de l’homme, la Mort qui s’en détache comme la bave d’une idée sale. Et puis, il y a ce « e », la signature de la terminaison féminine, face à son regard, comme si son geste s’adressait bel et bien aux femmes. À toutes les femmes.
Que faut-il retenir de cette photographie ? Sinon que, dans les faits, sa construction n’est que coïncidences, ces trois éléments ne sont reliés que par le hasard. Il s’agit des restes de trois affiches différentes, superposées. Elles se sont succédé ; seul cet instantané les réunit. Sans ces déchirures qui les agrègent, ce que la dominante rouge semble légitimer, cette scène symbolique de la violence faite aux femmes n’existerait pas. 
Cette photo vient d’être prise dans un couloir du métro parisien. Des milliers de personnes passent devant, l’enregistrent sans s’en rendre compte, en retiennent consciemment ou inconsciemment quelque chose. Mais quoi ? Qui s’en préoccupe ? Qui s’arrête pour la considérer et en dégager un enseignement ?
Qu’aviez-vous vu ? Que voyez-vous ?

Chaque dimanche, une photographie commentée du miroir subliminal du métro parisien.
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Violences faites aux femmes

En cette journée internationale contre les violences faites aux femmes, trois photos extraites de ma série sur les affiches du métro parisien, Nous ne sommes pas.

Métro, Paris, 2003. Paupières closes, pourquoi ? Plaisir ou souffrance ? Ces gouttes, des larmes ? Et puis, NON à quoi, à qui ? Pourquoi?
Métro, Paris, 2007. La blessure provoquée par cette flèche en plein front s’élargit, se répand, éclabousse. Mais elle n’éteint ce regard, planté, lui, dans nos yeux.
Métro, Paris, 2019. Cisaillée. Découpée, fragmentée. Tête baissée. Bouche ouverte, sans regard. Courbée, oui, mais pas résignée.

Les élection présidentielles (s’affichent)

À l’occasion des élections présidentielles 2022, j’ai fureté du côté des affiches près de chez moi. Toujours avec l’idée que leurs altérations (ici, délibérées) révèlent un sens caché (parfois subtile, parfois vraiment pas) qui a échappé à l’intention des militants. Pour rappel, je n’interviens ni avant ni après la prise de vue (sauf pour passer l’image en noir et blanc), mais cette fois j’ai utilisé une optique à flou et décentrement, qui permet de valoriser une portion de l’image.

Affiches : la rébellion n’est pas morte

Mes rares fréquentations du métro parisien ne suffisent probablement pas à expliquer pas mon désintérêt pour ses affiches, et leurs énigmes. Preuve en est le plaisir ressenti d’être interpellé non pas par le regard d’une passante, mais par cet œil et ce demi-sourire qui ont survécu aux déchirures, et qui m’invitent à m’arrêter, à prendre du retard sur mon rendez-vous, à témoigner que malgré les apparences la rébellion n’est pas morte : la publicité se lézarde, ses stéréotypes bricolés s’évadent. Parisiens, vous n’êtes plus seul dans le métro !

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Femme

Un visage, une main abandonnée dans les cheveux, une posture – et des jambes… Mais tout ne se résume pas à cet inventaire, les déchirures content tout autre chose, et le contraste des bas rouges…
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