Pourquoi lacère-t-on l’image d’une femme ? La photographie originale est prise en plongé et ne montre pas si cette femme est debout ou couchée, mais elle est dominée. On ne sait rien de son regard, sa bouche ouverte ne nous renseigne pas sur le lieu, le contexte, les enjeux. Mais quelqu’un a apporté son cutter et a découpé en deux grands gestes ce visage. Sans autre indice que ces plaies de papier, cet acte haineux relève de la misogynie. Que me dit-il encore ?
Son auteur a agi sous l’injonction d’une double projection. Il s’en est pris à une photo, il s’en est pris à ce que cette illustration éveille en lui. C’est sa tentation qu’il combat, sa propre faiblesse qu’il exhibe. Son incapacité à contenir ses pulsions le fait procureur et bourreau. L’accusée est innocente, elle n’en est pas moins sa victime.
Et vous, que voyez-vous ?
Chaque dimanche, une photographie commentée du miroir subliminal du métro parisien.
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