Photographie
La complémentarité entre photo et littérature a toujours été évidente, même si les deux se disputent mon temps (mais tant d’autres choses s’en mêlent !).
(Autoportrait dédoublé, 2020)
(Ibiza, 2004)
(San Francisco, 2007)
(Toscane, 2018)
Et au début, était l’œil…
J’ai commencé au lycée, presque par hasard. La photographie animalière m’attirait, mais la découverte des photos d’Henri Cartier-Bresson m’a convaincu de me consacrer au reportage social (Martine Franck, sa compagne, ainsi que Claude Dityvon et Richard Kalvar m’inviteront à les rejoindre au sein de l’agence Viva l’année de mes vingt ans, projet qui ne s’est malheureusement pas réalisé!). J’ai commencé par photographier des enfants, puis les fêtes, les manifestations, les paysans.
(Manifestation antinucléaire, Paris, vers 1974)
(Commémorations du débarquement, 1974)
(Défilé à Bagnoles-de-l’Orne, 1978)
(Reportage sur la moisson, 1985)
Étant devenu journaliste, et m’étant spécialisé dans le secteur du cheval, j’ai réalisé sur plusieurs années un reportage sur le quotidien du Haras du Pin, d’où une exposition inaugurée sur le site, avant le Club du Leica.
(École des Haras, exercices de voltige, vers 1982)
(Concours des étalons percherons, vers 1980)
Interruption, reprise
En 2000, après quelques années presque sans photo, j’ai approfondi quelques sujets (le livre, les sans-abri, Les quais de Seine à Paris, et, déjà, les Femmes du Père-Lachaise).
(Présentation des premières liseuses. Salon du livre, 2000)
(Sans-abris, 2004)
Depuis 15 ans…
Finalement, j’ai tourné mon objectif vers ces affiches publicitaires qui inondent notre quotidien, relevant dans leurs déchirures «l’autre côté des choses» cher à Anton, le héros du Vaisseau ardent.
En quinze ans, j’ai accumulé une collection conséquente de morceaux choisis d’affiches barbouillées, déchirées, dégradées, qui ont déjà donné lieu à des expositions.
Pourquoi des affiches altérées ? Parce je ne regarde pas les choses pour ce qu’elles sont censées être ou devenir, mais telles qu’elles apparaissent, pour ce qu’elles sont devenues.
Cette démarche, je l’ai peu à peu appliquée à d’autres sujets : le ciel, la rue, les façades, les ombres. De quoi pimenter mes moindres sorties, puisque toujours équipé d’un smartphone.
Mais quelque chose s’est passé quand j’ai redécouvert mon village natal, après qu’il a changé de nom. Retour au noir et blanc, recherche des matières et des lumières qui ont modelé mon regard.
(Écouché, 2019)
Et de là, l’envie de revisiter le Père-Lachaise, près duquel j’ai vécu, pour approfondir l’image qu’il donne des femmes. Et donc, notre regard sur elles.
(Père-Lachaise, 2020)
Pour qui est parvenu jusqu’au bas de cette page, j’ajouterais que mon regard doit beaucoup aux écrits sur l’art d’André Malraux. La notion de métamorphose, notamment, dont j’ai retenu que ce que nous admirons n’a pas été nécessairement conçu à cette fin (les icônes étaient peintes par des artisans, en acte de foi ; que retiendrions-nous d’une Vénus de Milo polychrome et dotée de ses deux bras ?). La notion de synchronicité de Jung (nous chargeons de sens ce qui est pure coïncidence) est venue compléter ma sensibilité. La rigueur du peintre naturaliste Robert Hainard, qui ne dessinait que ce qu’il voyait, même lorsqu’il illustrait un guide ornithologique, m’a également engagé à ne rien recadrer ni arranger.
Suis-je si différent lorsque j’écris ? L’imaginaire ne semble pas très sérieux, cette distance permet de dire beaucoup de choses dans les détails, sans en faire tout un discours. Pour qui se montre attentif, à lire ou à regarder, il y a toujours plus à découvrir entre les lignes – la force d’une image et d’un texte est tout entière dans la suggestion.
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