En février 2019, lauréat d’une bourse d’écriture, j’ai séjourné dans la maison familiale pour y avancer mon roman. J’ai alors appris que mon village natal avait changé de nom, passant de Écouché à Écouché-les-Vallées.
Je l’ai ressenti comme une invitation à redécouvrir ce qui ne m’apparaissait plus être autant mon village. Ainsi, lors de mes pauses, j’ai commencé à photographier ce que j’y retrouvais et ce qui m’étonnait. Mais, très vite, je me suis éloigné de cette approche “documentaire”, qui aurait flirté avec la nostalgie.
J’ai abandonné la couleur pour restituer en noir et blanc, non plus ce que je voyais, mais ce que je percevais. L’influence exercée par ces lumières, ces matières et ces formes ne se retrouve pas uniquement dans mon regard, mais aussi dans ma sensibilité de romancier – comme l’importance des silhouettes hérissées, des ciels tourmentés, de la pénombre pluvieuse. Ma quête est donc délibérément devenue introspective : qu’est-ce qui me touche intimement, dans cet étroit périmètre ? Qu’est-ce qui me fait vibrer, aujourd’hui encore ? Rues, ruelles et sentes de ce village se parcourent en moins de deux heures, et de telles images j’aurais pu les prendre partout ailleurs. Mais celles-ci sont chargées d’une signification personnelle, aucune n’est gratuite, toutes me content une histoire. C’est là que mes yeux ont appris à se régaler, que mon imaginaire s’est construit.
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