Retour de la crique où j’ai tenté des gros plans dans l’espoir de transformer rochers et végétation en paysages de montagne (en utilisant un flash, accessoire dont je ne me suis pas servi depuis… mais c’était dans un autre millénaire).
En rentrant, je donne chaque fois un coup d’œil sur ce petit coin, la disposition des arbres fermant le cadre. Ce jour-là, les rafales de vent étaient assez fortes pour me pousser, mais pas aussi violente que cette image le suggère.
La lumière crue éliminait, quelques minutes chaque jour, les teintes de cette petite crique dépourvue de plage. Avec le vent, l’écume des vagues sculpte la mer, autrement si timide.
Quand la mer est sage, je m’installe sur ces rochers pour profiter du fameux coucher de soleil du Cafe del mar, mais avec la musique de mon choix (Pink Floyd, de préférence, puisque le groupe a séjourné ici bien avant la vague techno).
Vers midi, le soleil tombe sur cette colline, hérissée d’une ligne d’arbres et chapeautée par cette construction arrondie (d’un blanc éclatant à tout autre moment de la journée) qui est apparue depuis mon dernier séjour (me rappelant incidemment que celui-ci remonte à quelques années). Cette fois, je suis à 50 m de la terrasse, et je me rends vers la petite crique sans plage qui m’a inspiré des passages du Vaisseau ardent.
Au petit matin et en soirée, sans quitter la terrasse où je n’avais pas écrit depuis six ans. Cette fois, la saison estivale passée, le silence régnait (enfin, les autochtones ne changent pas d’habitudes si facilement, mais il n’y a plus qu’eux sur l’île), évoquant les années d’avant le Cafe del mar (et ses compilations), non loin.
Peu de luminosité (d’où la montée en ISO), mais une gamme tonale qui invite à ignorer les teintes (bleu, rouge). Le passage en noir et blanc, et l’effet de filtres de l’argentique, remodèle les nuages en horizon sur les deux images – il n’y a de terre que les collines en premier plan.
Avec Diable!, ces photos m’ont donné l’envie d’approfondir un Ibiza différent, plus sombre, plus noir. Mon séjour a coïncidé avec la fin de la saison (déjà de nombreuses boutiques avaient baissé rideaux), j’ai vu les restaurants fermer, les tatoueurs guetter vainement un dernier client, spectacle qui a amplifié mon désir de montrer l’autre face de l’île. Il faudra revenir…
C’est aujourd’hui que prend fin l’opération #lemoisdelimaginaire où l’édition numérique du Vaisseau ardent était proposée à petit prix. Une occasion de mettre en avant une partie des commentaires des journalistes, librairies et lecteurs qui m’ont fait le plaisir d’en parler. Merci !
J’ai découvert récemment que ce même titre est classé en Horreur et Épouvante sur le site Cultura. Le Vaisseau ardent (édition Folio SF) est régulièrement casé en Fantastique et Horreur, alors que dans une librairie parisienne son édition originelle (la brique Denoël) figure simultanément dans le rayon Histoire (au grand contentement de l’Ivrogne). Dans une autre célèbre librairie du boulevard Saint-Germain, où le Denoël est resté plusieurs mois sur les tables, l’édition Folio n’a jamais figuré en rayons sous prétexte que c’était de la SF.
Sécheresse, canicules, orages, incendies et inondations… En 1977, j’abordai les prémices des dérèglements climatiques dans “Sauver le bocage”, première étude consacrée à ce type de paysage dans ses implications agricoles, supervisée par le Muséum d’histoire naturelle de Paris.
Un réseau de haies s’apparente à une forêt linéaire, laquelle agit de deux façons sur le climat. D’abord en affaiblissant les vents au niveau des sols (ce ne sont pas des murs, mais des brise-vent, semi-perméables) et donc en évitant érosion et assèchement. Ensuite en facilitant la reconstitution des nappes phréatiques. Les pluies peuvent être violentes, les feuillages retiennent l’eau avant d’en imprégner lentement le sol. Puis, par temps sec, les arbres puisent dans cette réserve et la redistribuent (évaporation-transpiration).
Ces deux facteurs contribuent à créer et maintenir un microclimat tempéré. Et, à l’échelle d’une région, ces microclimats se conjuguent et forment un climat plus vaste, plus ancré.
La condition pour atteindre cette efficacité, c’est la constitution d’un maillage fermé de haies. Elles peuvent enclore de grandes surfaces, tout s’étudie localement (vents, relief, environnement). L’argument de la perte de terrain, qui a conduit à l’arasement massif des haies, se voit désormais compensé par la perte croissante de rendement des Beauce artificielles.
Face au risque de stopper l’exploitation de terres agricoles, faute de rentabilité économique due aux dérèglements climatiques et aux pratiques agricoles dominantes, la question de replanter n’est plus anodine.
D’autant que les arbres absorbent nos excès de CO2.
Dernières images du ciel par ma fenêtre, avant déménagement. Peut-être pas les «meilleures», mais assez représentatives de ces ciels que j’entrapercevais incidemment par le vasistas de mon bureau. Combien de fois je me suis élancé pour enregistrer une configuration capricieuse entre nuages, soleil couchant, lignes aériennes et vols d’oiseaux… Robert Hainard disait que la chose la plus piégeante à dessiner, à égalité avec les escargots dont la lenteur estompe l’idée de mouvement, ce sont les nuages. On regarde, on dessine de mémoire, on relève les yeux pour découvrir que la disposition de toutes choses a changé. Malgré ce précieux avertissement, je m’y suis laissé prendre plus d’une fois.
Mon premier livre n’était pas un roman, mais une étude sur le bilan agronomique des haies. « Sauver le bocage », édité par une association régionale, le CREPAN, en 1977, dressait pour la première fois un panorama complet sur les effets des brise-vent et de leur maillage sur la production agricole. Supervisé par le Muséum d’Histoire naturelle de Paris, il démontrait les bienfaits d’un réseau de haies convenablement entretenues sur le microclimat, et par répercussion sur le climat régional. A contrario, il insistait sur les dérèglements climatiques liés à une pratique abusive du remembrement et de ses travaux connexes (assèchement des mares, canalisation des cours d’eau, arasement des haies et des bosquets, agrandissement des parcelles pour favoriser les monocultures). Pour ne pas donner prise aux critiques, qui tenaient les écologistes pour de doux rêveurs, je n’avais abordé la biodiversité favorisée par cette « forêt linéaire » uniquement dans ses répercussions agricoles.
La version PDF de ce livre, toujours diffusé, est consultable ici.
Quelques années plus tard, j’ai publié dans L’Univers du vivantun article de 17 pages sur l’histoire des bocages (normands, français, internationaux).
Le dérèglement climatique qui commence à se manifester de façon si spectaculaire n’est fondamentalement pas dû à d’autres phénomènes que ceux que je relevais, dont la cupidité et la surconsommation.
Ce thème (lié au rôle de la religion dans le défrichement), je l’aborde dans le (long) roman dont j’achève l’écriture.
De passage à Arromanches, alors que je récris la fin d’un roman s’y déroulant grandement, en lien avec la commémoration du Débarquement, quelques « instantanés » de baigneurs sur fond de caissons du port artificiel. #dday #mulberry