littérature et photographie

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« Marre » (miroir #4)

Que voyez-vous ? Une rébellion, sans équivoque. Le bras suffit à identifier une sportive. Il y a aussi cette biffure qui souligne le geste, et qui occulte en même temps un message marchand dont cette femme se libère. En bas de l’image, l’on devine une suite à cette déclaration. Mais, justement, « marre » de quoi ? Quelle marque, quelle cause ? Le cadrage pourrait être taxé de partisan, si ce qu’il défend ne restait pas flou, indéfini. Il ne dit pas tout. Il suggère l’amorce d’une histoire.
Tout est une question de lecture, de perception. La détermination de cette femme nous renvoie spontanément à sa condition. Rejette-t-elle l’annonceur qu’elle est censée servir ? S’affranchit-elle des rôles qu’on lui réserve ? Peut-être faut-il se contenter du message ressenti dès le premier abord : le poing dressé d’une femme qui en a marre. Tout est dit.

« Marre » Paris, affiche(s), 24 octobre 2003.

Chaque dimanche, une photographie commentée du miroir subliminal du métro parisien.

La mariée au poing levé (miroir #3)

La mariée au poing levé. Paris, affiche(s), 24 septembre 2023.

J’ai très vite remarqué cette mariée au poing levé, toute petite, noyée dans une abondance de motifs. Ce n’était qu’un des visuels destinés à signaler la modernité de je ne sais plus quel produit. D’une station à l’autre, je surveillais cette robe blanche sur fond noir, avec ces lèvres rouge-désir et sa couronne de fleurs rouge-supplice. Enfin, à la faveur du décollement de l’affiche, voilà qu’elle s’isole et se révolte. Elle dit non. Elle ose, elle se redresse. Cette pose statufiée déclenche l’effondrement du décor, l’affiche se rabat, expose sa face cachée, qui envahit l’espace. Telle une vague qui s’apprête à submerger la photo-souvenir des temps anciens, révolus.
Du moins, on aimerait y croire. Pourtant, à y regarder de plus près, cette mariée est bien blanche. Elle a revêtu une robe de pure tradition. Elle respire la bonne santé, ses mensurations correspondent aux canons contemporains. Elle lève le poing ? Et alors ? Ça lui passera. #MeToo s’intègre dans nos mœurs, #MeToo est devenu un argument publicitaire.

Chaque dimanche, une photographie commentée du miroir subliminal du métro parisien.

“Haies plantées par vos agriculteurs”

En ces temps d’inondations et de dérives climatiques, je ne peux que relever le fait que cette pancarte est fort bien plantée. Depuis combien d’années résiste-t-elle aux vents qui fouettent cette plaine normande ? Le texte est à peine lisible, mais qui s’en approche déchiffre : « Haies plantées par nos agriculteurs » – mais quelles haies ?

“Haies plantées par vos agriculteurs”, octobre 2023, plaine normande.

Dans Sauver le bocage, je plaidais pour le renforcement du maillage bocager afin de prévenir des inondations comme des épisodes de sécheresses, en influençant les microclimats jusqu’à tempérer les climats régionaux. Mais, c’était aller contre les intérêts d’une rentabilité à court et moyen termes. Ce livre a plus de quarante-cinq ans, les effets à long terme sont visibles. Il ne coûterait pourtant pas grand-chose de replanter – et d’entretenir.

Mais est-il rentable de se soucier du long terme ?

Un livre monde

Dans Booknode, l’avis de christophe-1364 sur Le Vaisseau ardent :
Un livre monde entre aventure initiatique, histoire de pirates, chasse au trésor et science fiction.
Il fait partie de mes trois livres de science fiction francophones préférés des deux dernières décennies avec
Le Déchronologue et La Horde du Contrevent et j’aurais du mal à les départager.

Violences faites aux femmes

En cette journée internationale contre les violences faites aux femmes, trois photos extraites de ma série sur les affiches du métro parisien, Nous ne sommes pas.

Métro, Paris, 2003. Paupières closes, pourquoi ? Plaisir ou souffrance ? Ces gouttes, des larmes ? Et puis, NON à quoi, à qui ? Pourquoi?
Métro, Paris, 2007. La blessure provoquée par cette flèche en plein front s’élargit, se répand, éclabousse. Mais elle n’éteint ce regard, planté, lui, dans nos yeux.
Métro, Paris, 2019. Cisaillée. Découpée, fragmentée. Tête baissée. Bouche ouverte, sans regard. Courbée, oui, mais pas résignée.

Où suis-je né, dernière visite

Après un peu plus de quatre années à poursuivre une série comme Où suis-je né, désormais? il devrait arriver un moment où je me dise « Bon, ça y est. Cette fois, j’ ai vraiment traité le sujet. » Et, de fait, l’idée revient régulièrement depuis un an. Prendre mon appareil pour faire un nouveau tour du bourg en flânerie attentive (deux heures en prenant son temps) n’a rien de réellement motivant. Je le fais quand même, mais vite fait. Ai-je tort ?

En bon Normand, je répondrais oui et non. Il arrive qu’en me forçant, je trouve une lumière qui renouvelle le sujet. Cette fois, ça n’a pas été le cas. J’ai bien fait une telle sortie thématique (trente minutes maxi), mais je n’en ai rapporté rien de bon. En revanche, en allant au pain… Et, ensuite, en m’arrêtant au cimetière dix minutes avant de rentrer chez moi…

Pendant un mois, je me suis imposé à ne sortir qu’avec une optique « normale », sur un tout petit boîtier, un ensemble qui entre dans une grande poche. Depuis une semaine, j’ai monté un 35 mm sur un plein format (ça reste compact, mais c’est deux fois plus lourd et encombrant). Ce petit grand angle n’est pas mon objectif favori, mais il aiguise autrement le regard.

Ça fait longtemps que je tourne autour de cette signalétique, enfin le bon éclairage!
Mur du cimetière, là où j’ai arrêté la voiture. Combien de fois suis-je passé là sans remarquer cette perspective?
L’entrée du cimetière, côté parking (celui de l’usine voisine).

Toscane

Conjonction des astres favorable. Voyage en Toscane. Deux semaines en couple, « conjointement » dédiées à l’écriture. À la veille du départ, coup de fil du CNL qui m’accorde une bourse de création. Beau ciel et belles ombres dans l’avion. Pause nocturne en vue de la tour de Pise. Puis maison agrémentée des toiles de Clet Abraham qui l’a habitée. Découverte de l’œuvre de son père, Jean-Pierre Abraham (lecture de cinquante pages de Armen, la vie dans un phare breton – la mer en pleine montagne, alors qu’un loup a mangé un chat du voisinage !), proche d’André Dhôtel dont je découvre l’œuvre sur les conseils de Nina Kazar qui a situé Conte de la plaine et des bois entre André Dhôtel et Alain-Fournier. Inauguration en parallèle d’un casque réducteur de bruit et de « Last Day In July » de Julia Kent (le loup n’a pas osé s’attaquer au coq d’en dessous la fenêtre). Totale immersion dans le roman démesuré dans lequel je me suis lancé. En termine une partie difficile (80 pages en une semaine), entame la suivante et avant-dernière… Connais la fin (dont je me doutais, mais en mieux). Quelques images et des autoportraits cassés. Bientôt, nouvelle étape à Pise.

Constanze dans  l’avion

Café de la gareCafé du villageCellaCella

Autoportrait avec Constanze

Autoportrait cassé

Le Vaisseau ardent, un roman ambitieux

« Le Vaisseau ardent est un roman fascinant, ambitieux, qui joue sur plusieurs registres – historique, mythique, fantastique, réaliste – et qui parvient souvent à être propulsé par un souffle épique, mais tout en restant crédible. »

Alias, « quadra rôliste », a bien aimé La Rédemption du pirate, second tome du Vaisseau ardent, qu’il trouve cependant trop long :

« Il n’y a rien qui m’y apparaisse comme rigoureusement inutile, mais rien non plus qui, à mon avis, n’aurait pas bénéficié d’une écriture plus tendue.
Cela dit, c’est grandement une question de style. Comme je l’avais dit pour le premier tome, on a, en toile de fond, une aventure à base de piraterie, de mythes et de lieux mystérieux qui se prêteraient à merveille a une ambiance pulp, mais ce n’est pas dans cette direction stylistique que tend Le Vaisseau ardent. »

Le Vaisseau ardent (couvertures Folio et ebook)

Le Vaisseau ardent (Folio et ebook)