« Nous ne sommes pas » Paris, affiche(s), 20 octobre 2003.

Que voyez-vous ? Je n’ai pas vu la publicité, je n’ai pas vu le slogan antipub. Je n’ai vu que ce fragment. Ce cri chapeauté par une mèche sur une paupière close, ce cri souligné par un trait qui scelle les lèvres fermées. J’ai vu ce visage penché dans une attitude d’abandon. Ou celle d’une absence. D’une résignation depuis si longtemps installée. J’ai vu ce « nous ne sommes pas » et j’ai lu : « nous n’existons pas, vous ne nous considérez pas comme de vraies personnes, nous ne sommes que des fonctions, confort et fantasmes. »
Cette photo prise voilà plus de vingt ans résonne toujours en moi. J’y pense souvent, je l’estime comme emblématique de ma démarche et de mon propos, qu’elle a annoncé et qu’elle résume.

Chaque dimanche, une photographie commentée du miroir subliminal du métro parisien.