littérature et photographie

Étiquette : Noir et blanc (Page 1 of 3)

Le vent

Retour de la crique où j’ai tenté des gros plans dans l’espoir de transformer rochers et végétation en paysages de montagne (en utilisant un flash, accessoire dont je ne me suis pas servi depuis… mais c’était dans un autre millénaire). 

En rentrant, je donne chaque fois un coup d’œil sur ce petit coin, la disposition des arbres fermant le cadre. Ce jour-là, les rafales de vent étaient assez fortes pour me pousser, mais pas aussi violente que cette image le suggère.

Le vent, Ibiza, novembre 2023

La crique

La lumière crue éliminait, quelques minutes chaque jour, les teintes de cette petite crique dépourvue de plage. Avec le vent, l’écume des vagues sculpte la mer, autrement si timide.

Quand la mer est sage, je m’installe sur ces rochers pour profiter du fameux coucher de soleil du Cafe del mar, mais avec la musique de mon choix (Pink Floyd, de préférence, puisque le groupe a séjourné ici bien avant la vague techno). 

La crique, Ibiza, novembre 2023

La maison sur la colline…

Vers midi, le soleil tombe sur cette colline, hérissée d’une ligne d’arbres et chapeautée par cette construction arrondie (d’un blanc éclatant à tout autre moment de la journée) qui est apparue depuis mon dernier séjour (me rappelant incidemment que celui-ci remonte à quelques années). Cette fois, je suis à 50 m de la terrasse, et je me rends vers la petite crique sans plage qui m’a inspiré des passages du Vaisseau ardent.

La maison sur la colline, Ibiza, octobre 2023

Lever et coucher

Au petit matin et en soirée, sans quitter la terrasse où je n’avais pas écrit depuis six ans. Cette fois, la saison estivale passée, le silence régnait (enfin, les autochtones ne changent pas d’habitudes si facilement, mais il n’y a plus qu’eux sur l’île), évoquant les années d’avant le Cafe del mar (et ses compilations), non loin.

Peu de luminosité (d’où la montée en ISO), mais une gamme tonale qui invite à ignorer les teintes (bleu, rouge). Le passage en noir et blanc, et l’effet de filtres de l’argentique, remodèle les nuages en horizon sur les deux images – il n’y a de terre que les collines en premier plan. 

Avec Diable!, ces photos m’ont donné l’envie d’approfondir un Ibiza différent, plus sombre, plus noir. Mon séjour a coïncidé avec la fin de la saison (déjà de nombreuses boutiques avaient baissé rideaux), j’ai vu les restaurants fermer, les tatoueurs guetter vainement un dernier client, spectacle qui a amplifié mon désir de montrer l’autre face de l’île. Il faudra revenir…

Lever de soleil, Ibiza, octobre 2023
Coucher de soleil, Ibiza, octobre 2023

Diable!

Diable! Ibiza, octobre 2023

Suis-je atteint de paréidolie ? Ce diablotin qui scrute la trouée des nuées m’est apparu dans le ciel matinal d’Ibiza, où j’ai retrouvé mon bureau-terrasse de romancier qui s’aventure à traiter de la photographie, alors que je lis “Les Versets sataniques” de Salman Rushdie. Et, en y regardant bien, je perçois son écho spectral (en haut à gauche, comme s’il le surveillait [ce qui semble attester que je souffre de paréidolie]).

Violences faites aux femmes

En cette journée internationale contre les violences faites aux femmes, trois photos extraites de ma série sur les affiches du métro parisien, Nous ne sommes pas.

Métro, Paris, 2003. Paupières closes, pourquoi ? Plaisir ou souffrance ? Ces gouttes, des larmes ? Et puis, NON à quoi, à qui ? Pourquoi?
Métro, Paris, 2007. La blessure provoquée par cette flèche en plein front s’élargit, se répand, éclabousse. Mais elle n’éteint ce regard, planté, lui, dans nos yeux.
Métro, Paris, 2019. Cisaillée. Découpée, fragmentée. Tête baissée. Bouche ouverte, sans regard. Courbée, oui, mais pas résignée.

Derniers ciels

Dernières images du ciel par ma fenêtre, avant déménagement. Peut-être pas les «meilleures», mais assez représentatives de ces ciels que j’entrapercevais incidemment par le vasistas de mon bureau. Combien de fois je me suis élancé pour enregistrer une configuration capricieuse entre nuages, soleil couchant, lignes aériennes et vols d’oiseaux…
Robert Hainard disait que la chose la plus piégeante à dessiner, à égalité avec les escargots dont la lenteur estompe l’idée de mouvement, ce sont les nuages. On regarde, on dessine de mémoire, on relève les yeux pour découvrir que la disposition de toutes choses a changé.
Malgré ce précieux avertissement, je m’y suis laissé prendre plus d’une fois. 

En lien avec ce projet La tête dans les nuages (série photographique), qui m’a convaincu de reprendre la photo.

Sur la route, again

Je pensais avoir épuisé le sujet, mais j’ai tourné autour des éoliennes d’Argentan avec mon plus simple équipement. Un Sony 6000 sur lequel j’ai monté une optique entièrement manuelle et compacte (Pergear 35mm f1.6, l’équivalent d’une focale «normale»). J’avais tellement l’impression de me retrouver avec mon Leica M2 que j’ai cédé plusieurs fois au réflexe de réarmer pour avancer le film ! Quel bonheur.

Éolienne sur la route d’Argentan (juillet 2022)

Les élection présidentielles (s’affichent)

À l’occasion des élections présidentielles 2022, j’ai fureté du côté des affiches près de chez moi. Toujours avec l’idée que leurs altérations (ici, délibérées) révèlent un sens caché (parfois subtile, parfois vraiment pas) qui a échappé à l’intention des militants. Pour rappel, je n’interviens ni avant ni après la prise de vue (sauf pour passer l’image en noir et blanc), mais cette fois j’ai utilisé une optique à flou et décentrement, qui permet de valoriser une portion de l’image.

Où suis-je né: première parution

Première parution sur une double-page de la série photographique Où suis-je né, désormais ? dans Réponses photo (daté novembre 2021,  n°344).

« Un noir et blanc équilibré, des cadrages soignés et toujours justes, et même des instants décisifs. »  Yann Garret
« Certaines images me rappellent Raymond Depardon, et adoptent même la distance chère à celui-ci. »  Thibaut Godet

La rubrique « Lecture d’un portfolio » est un exercice auquel j’ai accepté de me prêter, où l’on récolte critiques et compliments. Contrairement à mes écrits, je n’ai pas soumis publiquement un travail achevé, mais toujours en développement. Dans cette phase, la sévérité du jugement peut inciter à quitter sa zone de confort, à se montrer plus exigeant. Comme avec les « oui » et plus encore les « non » de Gilles Dumay en marge du manuscrit du Vaisseau ardent.

Première leçon : le choix des images (et leur importance respective dans la mise en page), avec la mise en avant de cette ruelle. Longtemps, je n’ai été inspiré que par les éclats de lumière (ici, plus que là où je vis, désormais, les ciels peuvent être magnifiques, capricieux, menaçants), et cette grisaille m’a toujours renvoyé dans ma chambre ou à mon bureau. Tenter de saisir l’essence de cette luminosité égale n’a pas été évident, mais convaincant. Le choix de la rédaction confirme cette démarche.

Deuxième leçon : le piège de la nostalgie. Ma quête est introspective et se déroule dans mon village natal. Mais je n’ai aucun regret, je n’éprouve aucune tristesse, je n’ai aucune envie de revivre quelque chose de mon enfance (ingrédients de la définition du mot nostalgie). S’il y a interrogation, c’est sur l’origine de mon regard, de ma sensibilité aux formes, aux matières, à l’équilibre géométrique. Et, puisque c’est là qu’il s’est forgé, est-ce là encore qu’il peut évoluer? Le titre de cette série participe évidemment à orienter l’attente, même s’il contient la notion de rupture. 

Troisième leçon : l’émotion (ici, jugée insuffisante). Il me semble que ce reproche est lié à la nostalgie, laquelle, précisément, n’est qu’émotions. Mais cela va plus loin. Délibérément, mes photos sont inanimées. Pas de personnage, ni attachant visage ni main tavelée. Les seuls éléments vivants, ce sont les oiseaux. Les seules choses qui bougent, ce sont le ciel, les girouettes, les ombres. Tout le reste est immobile, figé. Parce que c’est ce qui demeure, ou qui paraît immuable. Quand la photographie a été mon métier, je m’intéressais principalement aux sujets humains, au reportage social (avec une dimension politique, d’engagement, sans laquelle la photo se résume à la carte postale, et que je ressens dès que je tourne mon objectif vers quelqu’un). Mais j’étais également attiré par l’abstraction que l’on rencontre partout autour de nous (et pas seulement au musée), par ce qui semble si banal qu’on ne lui prête pas attention. D’où, certainement, cette distance, voire une priorité donnée au cadrage (plus qu’à l’instant), comme en compensation de cette négligence commune.

Ma dernière photo d’avant cette publication: le ballet des oiseaux au crépuscule, vu du jardin.

 

« Older posts