Écrire est une aventure. Se fixer un cap. Hisser les voiles, affronter tempêtes et calme plat. Se fier aux astres, galérer. Monstres, sirènes, albatros, mirages. Tous les jours du rhum et de la morue salée. Des îles, des escales, pour chaque fois repartir… Dix-huit années de rêves, dont onze d’écriture épisodique avant sept de travail quotidien. Et puis : terre.  Me voilà romancier, certainement mon plus cher rêve d’enfance.  Ce gros livre, peut-être le plus gros premier roman, si lourd qu’il ne se tient qu’à deux mains, trop lourd donc, une fois reposé me laisse une impression de vide. Ai-je réussi ? Ou bien, est-ce le voyage qui me manque ? Ce voyage. Les pages auxquelles j’ai renoncé, les péripéties et les personnages abrégés ou écartés.

Hâte de m’isoler, d’écrire à nouveau, enfin. Ce que je fais, tandis que ces trois ramettes si souvent réécrites ne m’appartiennent plus.

À la télévision, Franz-Olivier Giesbert annonce Le Vaisseau ardent la veille de sa parution, en en faisant le tout dernier coup de cœur de l’émission Vous aurez le dernier mot – avant d’en faire celui du magazine Le Point. Le Nouvel observateur consacre deux pages à mes pirates. À sortie en Folio, Le Magazine littéraire signale Le Vaisseau ardent parmi les poches de l’été ; Le Figaro littéraire le mentionne à ces deux occasions. En tout, une centaine de recensions, entre presse écrite et blogs, avec des formules qui vont droit au cœur. Finaliste d’une poignée de prix littéraires. Dix mille exemplaires en cinq années, trois ou quatre s’y ajoutant encore chaque jour, pour donner un chiffre.

Et demain ? Même si les contes de “tous lire” abritent un ogre chronophage, insatiable et nécessaire, je continue d’écrire “pour moi”, bien sûr. Quelques nouvelles, deux romans en relecture – et bien des pistes explorées qui ne valent, peut-être, que pour le voyage… Aux éditeurs qui soupèsent mes manuscrits de décider de la suite.