J’ai beau ne pas croire aux coïncidences, je les remarque.

Il y a 20 ans, je me suis énervé pour une broutille avec mon fils sur un quai de RER, au Forum des Halles. Ce contretemps nous a fait rater la rame. Vingt minutes plus tard, aucune ne lui succédant, nous sommes allés marcher un peu. C’est cette rame qui a été victime de l’attentat.

Vingt ans plus tôt, j’avais déposé mes archives à l’agence photo Fotolib, proche du jeune Libé. L’agence a été victime d’un attentat, le laborantin attaché sous la menace d’une arme, du pétrole versé autour de lui. Mes planches contact ont servi à tenter d’allumer un incendie. Lorsque je me suis rendu à l’agence, quelques jours plus tard, ce laborantin a cru reconnaître son agresseur, nous l’avons pisté… Sans cet attentat,  j’aurais peut-être arrêté la photographie.

Aujourd’hui, je travaille sur un projet éditorial, destiné aux enfants qui ont du mal à lire ou qui n’aiment « pas trop » lire — « tous lire ». Et je ne peux m’empêcher d’y voir une continuité. Le fanatisme peut toucher n’importe qui, mais les jeunes qui n’ont pas trouvé de sens à leur vie constituent des proies faciles. Je suis convaincu que la lecture est une des réponses.

« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre. » Cette pensée de Spinoza ne me quitte pas.

lire_contre_fanatisme