Depuis quelques années, je regarde les affiches autrement. Je guette leurs premiers signes de vieillissement, ce moment où quelque chose se passe. Ou s’en échappe.
Les enfants (mais pas seulement eux) voient dans les nuages des sculptures en pleine métamorphose, proches en cela des écrivains qui décrivent des mondes parallèles… Les affiches renferment une telle dimension.
Il faut un peu attendre. Resplendissantes de nouveauté, elles ne lâchent rien de leur secret. Mais, très vite, l’attraction initiale passée, elles entament un processus qui les transforme – et qui révèle leur véritable nature. Usures et déchirures peuvent enfin composer des figures qui nous sont à la fois étrangères et familières.
Le Continent éphémère rassemble ainsi les premiers témoignages photographiques de paysages et de créatures qui n’existent pas.
« Qui n’existent pas ? » Ces visions ne sont pas inventées*, et elles sont indéniablement liées à notre monde. À chacun de nos mondes, d’ailleurs… Pour preuve, les paysages et créatures que vous verrez ne seront pas nécessairement ceux que j’ai cru photographier…
* Ces images sont rigoureusement « authentiques » : ce sont de simples photos, non recadrées, sans trucage ni mise en scène.