littérature et photographie

Étiquette : Le continent éphémère (Page 2 of 3)

L’autre paysage

Voici donc la troisième image de cette série « japonaise ». Il est exceptionnel de trouver autant de « matériel » sur un même panneau.
Cette fois, c’est une déchirure qui figure les montagnes, tandis que le sable (le « vide ») occupe tout l’espace, à l’exception de cette touffe de verdure et des traits qui en partent en rayons.
Trois images donc assez différentes, qui partagent les mêmes teintes et la même omniprésence du sable, mais pour composer des images vraiment différentes.

Estampe japonaise ?

Cette image se situait sur le même panneau que l’autre paysage très « japonais » retenu pour l’exposition. Une troisième image, d’ailleurs, mord sur ces deux photos. Mais celles-ci illustrent assez bien ce qui retient mon œil. 
Pour celle de l’expo, j’ai cru voir une estampe moderne, mais mon attention a été d’abord  accrochée par cette collision entre l’affiche publicitaire d’un voyagiste et les indispensables travaux de maintenance du métro. Rivée sur l’illustration, cette plaque met en scène le cortège des baigneurs, pèse sur lui de cet œil inquisiteur qui « casse » l’harmonie délicate de la composition. Les touristes suivent des sentiers fictifs qui rappellent les gouttes de pluie sur une vitre. La part du sable, à peine mis en relief par la mer qui pointe sur l’œil, est amplifiée par la concordance de teintes avec la plaque plastifiée qui la recouvre. Aucune personne n’est identifiable, réduite au statut de fourmis, voilà qui accentue encore la part du sable. Autrement dit, la part du vide, traditionnellement représenté par des brumes et des brouillards. Encore un peu, et c’est de la philo…

Inédit

Voici une photo d’affiche qui n’est pas présentée sur le site et qui n’a pas été retenue, in extremis, dans la sélection finale de l’exposition. Elle date de novembre 2003 et m’évoque tantôt une chimère, tantôt la peinture psychédélique d’un paysage…

Que voyez-vous ?

Pour moi, c’est évident, cette fois encore. Et pour vous ?

Cette image provient d’un sticker collé et déchiré dans les locaux de Censier, qui est resté tel quel pendant plus d’un mois…

Pour voir l’ensemble des photos exposées, outre une visite aux Voisins, vous pouvez vous promener sur mon site :
http://web.mac.com/jcmarguerite
qui s’étoffera prochainement de deux nouvelles galeries. D’abord, les photos non retenues pour l’exposition Le Continent éphémère (bientôt l’une d’elle sur ce blog), ensuite une variation sur ce thème avec des images d’animaux métamorphosés par l’usure des affiches…

Vernissage

Merci…
Sillonner les métros en quête de fragments d’affiches étonnants est une démarche originale – j’emploie ce mot à dessein, car le doute subsistait quelque part de passer pour un original, dans l’acception la moins flatteuse du dictionnaire.
Votre présence était un gage de sympathie chaleureux, vos commentaires sont un encouragement puissant.

Ce qui m’a frappé, c’est la diversité de nos regards. De fait, j’ai photographié des paysages et des créatures qui n’existent pass. Le hasard seul a esquissé ces figurations que j’ai identifiées comme telles, car elles n’étaient des paysages ou des créatures que j’y reconnaissais. Nous en avons débattu hier soir jusqu’à tard, nos visions coïncident souvent, mais elles divergent plus souvent encore ! Ces détails de déchirures stimulent notre imaginaire, nous devinons des formes qui parlent à chacun de nous (et parfois, au second regard, une autre projection s’impose…). Quel beau compliment quand Sylvie y a associé des sons et des odeurs…

Pour moi la photographie a toujours eu cette vocation secrète : donner aussi à voir autre chose que ce qu’elle montre. Même en reportage classique, les choix du moment et de la composition transforment le témoignage (voilà ce qui c’est passé) en une incitation à imaginer (voilà ce que j’ai vu : et vous, que voyez-vous ?). À mon sens, c’est cette dimension qui fait qu’un cliché d’actualité dépasse le drame exposé pour étrangement nous émouvoir par sa seule beauté.

À l’exotisme du sujet, je préfère l’exploration du quotidien, dans ce qu’il a de plus ordinaire, de plus banal. Les affiches publicitaires inondent nos journées, mais cette identité fonctionnelle se révèle précaire : une fois cette démarche amorcée, y débusquer les traces du Continent éphémère devient une invitation permanente au voyage.

Le Continent éphémère


Cette image s’est imposée comme une construction abstraite sur fond de paysage. J’y voyais alors la puissance du mouvement qui s’emparait du ciel, peut-être l’annonce d’un cyclone.

Mais, dans la série de clichés que j’en ai réalisée, cette photo s’est nettement détachée du lot, et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Jusqu’au moment où mon fils me l’a décrite comme « un aigle fantastique ». Depuis, je vois tout à la fois, une vraie vision d’apocalypse…
Et vous, que voyez-vous ?

Le Continent éphémère


Les déchirures en dents de scie n’ont rien de rare, l’exception tient aux couleurs qui façonnent l’idée du paysage – vagues ou montagnes. Cette fois, le noir était partout, à tel point que je ne distinguais pas les deux couches superposées. J’ai même hésité à m’attarder davantage… Et puis, le premier plan de la montagne s’est imposé. Ce versant enténébré appartient à une affiche, la pluie d’étoiles filantes à une autre, les crêtes irradiées à aucune – une vision de création du monde.

Le Continent éphémère

Voici probablement l’une de mes images favorites, c’est du moins l’une des premières qui me vient à l’esprit lorsque j’évoque mon approche des affiches. J’aime ce qu’elle représente, je me souviens aussi du jour où je l’ai découverte, me maudissant de n’avoir pas mon appareil toujours avec moi, du lendemain où j’ai peiné à trouver un cadrage qui ménage la profondeur de champ…

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