littérature et photographie

Catégorie : édito (Page 2 of 2)

#JeSuisCharlie

J’ai beau ne pas croire aux coïncidences, je les remarque.

Il y a 20 ans, je me suis énervé pour une broutille avec mon fils sur un quai de RER, au Forum des Halles. Ce contretemps nous a fait rater la rame. Vingt minutes plus tard, aucune ne lui succédant, nous sommes allés marcher un peu. C’est cette rame qui a été victime de l’attentat.

Vingt ans plus tôt, j’avais déposé mes archives à l’agence photo Fotolib, proche du jeune Libé. L’agence a été victime d’un attentat, le laborantin attaché sous la menace d’une arme, du pétrole versé autour de lui. Mes planches contact ont servi à tenter d’allumer un incendie. Lorsque je me suis rendu à l’agence, quelques jours plus tard, ce laborantin a cru reconnaître son agresseur, nous l’avons pisté… Sans cet attentat,  j’aurais peut-être arrêté la photographie.

Aujourd’hui, je travaille sur un projet éditorial, destiné aux enfants qui ont du mal à lire ou qui n’aiment « pas trop » lire — « tous lire ». Et je ne peux m’empêcher d’y voir une continuité. Le fanatisme peut toucher n’importe qui, mais les jeunes qui n’ont pas trouvé de sens à leur vie constituent des proies faciles. Je suis convaincu que la lecture est une des réponses.

« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre. » Cette pensée de Spinoza ne me quitte pas.

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Lire ne doit pas rester un privilège

Je suis heureux que l’un des grands débats de l’année écoulée ait pris le parti de nos amis libraires. J’en suis heureux, mais je n’en suis pas fier. Imposer à leurs concurrents en ligne de facturer les frais de port — une taxe de 0,01€ pour l’envoi d’un paquet de livres – était-elle la priorité la plus susceptible d’attirer un large public dans les librairies ?

Qu’a-t-on fait pour aider les enfants en difficulté d’apprentissage de la lecture ? Qu’a-t-on fait contre l’illettrisme ? Qu’a-t-on fait pour convaincre les non-lecteurs d’ouvrir un livre ?

Pourtant, ces questions concernent respectivement 10, 15 et 33% de la population française. Et encore, ces chiffres ne se rapportent qu’aux cas reconnus comme tels — s’y ajoutent ceux qui n’aiment pas trop lire, ce qui n’ouvrent qu’un livre dans l’année et ne le finissent pas nécessairement…

Pourquoi les délaisser? Tout le monde aime les histoires, et la littérature reste le meilleur facteur d’émerveillement. Et nous le savons bien, nous qui lisons avec facilité: qui a découvert le plaisir de lire n’en démord plus…

Lire ne doit pas rester un privilège. Quitte à penser autrement le livre, quitte à le repenser de fond en comble pour ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir ou d’aimer lire. Lire ne peut pas rester un privilège.

En tant que lecteur, que parent, qu’auteur et qu’éditeur, ma résolution 2015: que nous puissions tous lire.

Belles lectures à tous. À vraiment tous.

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