Cette exploration a bien failli ne jamais être entamée. Les conditions d’éclairage du métro opposaient de sévères obstacles à photographier à la volée en argentique. Je ne me suis équipé en numérique que fin 2003, alors que je quittais la capitale pour sa banlieue. Les occasions se raréfiaient notablement.
Mais, cet automne-là, le métro parisien a subi les débordements d’une révolte antipub. Les dégradations, graffiti et déchirures, se multipliaient, m’invitant à revenir y flâner les dimanches. L’enjeu n’était pas de documenter cette rébellion, mais d’utiliser le chaos qu’elle favorisait.
Cette contestation ne s’est pas limitée à des actions contre le mercantilisme, elle a mis incidemment l’accent sur la place des femmes dans les campagnes publicitaires, dont elles sont tout à la fois les cibles et les vecteurs principaux.
D’où parfois une confusion dans ces attaques, certaines les rendant responsables de l’exploitation de leur image.
Voulues ou non, ces altérations reflètent nos préjugés et finissent par tisser un large constat de l’image que nous contribuons à cultiver des femmes. Mais aussi, elles témoignent à leur manière de leur lutte contre cette réduction.
Le recours au noir et blanc s’est imposé tardivement, afin de dépouiller l’argumentaire initial de ses artifices flamboyants. Cette évolution m’a permis de reconsidérer près de vingt années de déambulation attentive, parfois seulement équipé d’un téléphone, pour ne réserver la couleur que lorsque celle-ci s’émancipe de sa fonction décorative originelle.
Voir aussi le premier volet : “Le miroir subliminal”